Le floridien guitariste Christopher Satterfield après avoir passé quelques années dans l'hexagone pour le management de l'inoubliable choriste de Jean-Jacques Goldman Carole Fredericks, soeur cadette du bluesman Taj Mahal, a aussi enregistré en 1997 un album de blues rock Drivin' chez le label Night & Day. Mais le mal du bled se faisant sentir, notre homme a repris le zing pour sa Floride natale pour mettre à l'oeuvre un power trio de southern rock d'enfer lorgnant vers les seventies, et sortir en 2012 un album auto-produit, 6 strings 9 lives, terriblement groovy. Christopher est un remarquable lead guitar, il accomplit en plus les lignes de basse, épaulé par le batteur Ian Goodman et Larry Albritton en lead vocals. Leur style authentique est une véritable bouffée d'oxygène qui nous change du southern rock actuel empreint de rythmiques lourdingues, on retrouve l'alchimie d'antan prodiguée par la floridienne connection Skynyrd/38 Special/Allen Collins Band/Rossington Collins Band, avec parfois aussi une sérieuse touche allmanienne, comme le démontre l'entrée en matière par le titre éponyme « 6 strings 9 lives », avec un bateleur de prestige à la slide Mister Les Dudek. Arrive le très bien construit et remuant « Oxycontin » pour ensuite s'engaillardir sur le très bon « Easy Rider », du southern rock style vieille école qui rend le coeur des vieux sudistes heureux grâce à la guitare volubile. Puis une petite déflagration sur « Turn It On », qui a la même exactitude et presque la même prestance musicale que celui de 38 Special datant de 1980 sur l'album Rockin' Into The Night. Satterfield clame le pur hasard, je l'espère bien car son nez risque de s'allonger. La zic se fait plus laid-back sur « Rock’n Roller » et « Florida », mais avec toujours des parties de slide bien venimeuses, du bien rampant sur « Black Gold », swamp rock skynyrdien qui nous narre l'affligeant travail des enbouseurs de la compagnie pétrolière BP en Louisiane, puis on secoue le palmier sur les virevoltants titres southern rock « High Roller » et « Lakeland » avec un Satterfield qui tricote à merveille sa guitare, l'eldorado sudiste arrive avec « One More For The Road », du cérémonieux avec le chant assez traînant de Larry Albritton qui se distingue d'une manière doucereuse, puis en avant toutes, place à l'implacable tournerie d'usage garantie « Free Bird », la leçon se termine par de nouveau l'éponyme « 6 strings 9 lives » en plus long et un Les Dudek plus bavard, qui clôt ce saillant album de vrai southern rock comme on aimerait en entendre plus souvent .
Jacques Dersigny
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